PISA - Les résultats 2015 sont connus...

Comme tous les trois ans, l’OCDE a testé des élèves de 15 ans de 38 pays en sciences, lecture et mathématiques.

Pour la Communauté française, les résultats de 2015 sont une nouvelle douche froide : les élèves sont sous la moyenne des pays de l’OCDE en maths, sciences et en lecture.

« Les résultats de Pisa sont mitigés. On observe une stabilité insatisfaisante. Ces résultats constituent une preuve de plus qu’il fallait mobiliser tous les acteurs autour d’un Pacte », a déclaré Marie-Martine Schyns, ministre de l’Éducation.

La ministre a mis en évidence certains éléments du Pacte d’excellence qui contribueront à améliorer les résultats des élèves. Ainsi, le Pacte prévoit de donner une plus grande place à l’expérimentation, ce qui pourrait être bénéfique en sciences.

Autre point clé : la lutte contre l’échec et le redoublement. « En Fédération Wallonie-Bruxelles, un élève sur deux est à l’heure dans son parcours (autrement dit n’a jamais redoublé, NDLR). Or, les élèves à l’heure réussissent bien puisqu’ils atteignent les scores des meilleurs pays. Il faut tenir compte des causes qui entraînent les résultats de Pisa », souligne la ministre.

Si Marie-Martine Schyns reconnaît que les résultats sont insatisfaisants, elle tient tout de même à ne pas tomber dans une analyse trop sévère. « La moyenne européenne baisse alors que nous sommes stables. C’est insatisfaisant mais ce n’est pas la sinistrose », conclut-elle.

(Le Soir en ligne - 06/12/2016)

Si nos résultats sont faibles, c’est parce que notre système scolaire est au moins doué pour une chose : trier. Les forts avec les forts. Les faibles avec les faibles.

Vous, qui lisez cet article… Vous êtes un être exceptionnel. On veut dire : de plus en plus rare… Vous lisez cet article chez vous, au salon. La télé est froide. Elle dort, logée dans sa bibliothèque chargée de livres. Julie, votre ado, est à l’étage. Elle fait ses devoirs. Vous en êtes sûr. Et de toute façon, vous le contrôlerez. Il fait calme, chez vous. Et Julie est élève à la Bonne école.

A sept kilomètres de chez vous, c’est chez Jules. Et là, au salon, et comme tous les soirs, Cyril Hanouna tient le crachoir. Il n’y a pas de bibliothèque. Jules est dans sa chambre. Ou dieu sait où. Et Jules est élève à l’Institut machin.

Pas trop fait pour l’école, le Jules. Au départ, si, ça partait bien. Il était au Bon collège.

Et puis, très vite, une floche. L’échec. Et là, ils l’ont aiguillé vers l’Institut machin.

Vous qui lisez cet article, vous êtes content du Bon collège. Excellent bahut. On bosse dur. Tu suis ou tu sors. C’est le bon système. Les forts avec les forts. Les faibles avec les faibles. C’est logique. Si vous mélangez, le faible freine le fort et il fait baisser le niveau. Des experts prétendent que non : ils disent que, au contact du fort, le faible se bouge, se redresse, sans nécessairement gêner le fort.

Les experts sont piqués.

Vous qui lisez nos articles, vous venez de tomber des nues en découvrant les derniers résultats de l’enquête Pisa.

« Comment c’est possible d’être si nuls ? »

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Nos élèves ne sont pas plus nuls que les autres.

Nos professeurs ne sont pas moins bons que les autres.

Si nous clapotons en fond de cale, on le doit à quoi ? A qui ?

Nos résultats Pisa ne reflètent jamais que ce que nous sommes.

Et nous sommes une région de plus en plus duale. Avec, ici, une élite où la télévision, le soir, reste froide. Avec, là, et en mode croissant, une population qui a dur, très dur. Avec là, de plus en plus de familles où Jules, au lieu de faire comme Julie, est dieu sait où à faire dieu sait quoi. Des familles où l’argent manque. Où le livre n’existe pas. Où l’information a libéré le terrain au divertissement.

Si nos résultats sont faibles, c’est parce que notre système scolaire est au moins doué pour une chose : trier. Les forts avec les forts. Les faibles avec les faibles. Les premiers se stimulent. Les autres coulent ensemble. Aux faibles, bien parqués à l’Institut, on ne leur offre à voir aucun autre modèle que le leur. Pas de Julie pour tirer Jules vers le haut. Jules ne connaît que des Jules. Et il fait tout comme eux.

(Le Soir - Edito de Pierre BOUILLON - 07/12/2016)