@FeuilleT - Avril 2020
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► Edito
► Echos de La Rosée ou comment s’adapter à l’inconnu
EDITO
« Coronachronique » des Ecoles de Devoirs
Voilà le mois d’avril bien avancé et le confinement de continuer… D’une semaine scolaire, nous sommes passés aux congés de Pâques. Cela va faire un mois bientôt que nous avons dû apprendre à vivre autrement, personnellement, familialement et professionnellement. Très compliqué sachant nos missions d’accompagnement des enfants, des jeunes et des familles. Comment faire pour poursuivre notre action basée sur la relation aux autres dans un contexte où chaque jour les médias nous rappellent les effets de cette crise ? Une crise qui illustre combien notre société est traversée par des inégalités. Car, à cette crise sanitaire, s’ajoute une crise sociale qui chaque jour met davantage en évidence les difficultés rencontrées par nos publics. Et les réseaux d’entraide et de solidarité de se développer.
Et vous, d’être là, présent-e-s !
Vous, que nous souhaiterions remercier pour toutes vos expériences, tâtonnements, initiatives pour répondre au plus près aux besoins des enfants et des familles. Notre courrier, envoyé telle une bouteille à la mer en début de confinement, a vu de beaux témoignages nous arriver disant tout ce qui se joue dans vos quartiers auprès de ses habitants qui restent encore aujourd’hui trop invisibles à ceux et celles qui ne les côtoient pas.
Le premier témoignage nous est arrivé du Colombier. Il nous disait toute la difficulté d’accompagner à distance les enfants dans leur scolarité. « (…) nous avons remis aux enfants, accompagnés de leurs parents, des exercices (remise à niveau ou révision de matières), avant le confinement. Nous leur avons proposé de s'organiser pour que nous puissions faire les corrections, avec possibilité de donner les explications par Gsm. Malheureusement, tous n'ont pas d'ordinateur et imprimante, ce qui ne facilite pas les choses. Si vous avez des pistes par rapport à cela ... l'inégalité entre les enfants est bien présente. C'est dommage car il y a des sites bien faits, des cours gratuits (qui normalement ne le sont pas), etc. Le suivi par les animateurs en serait ainsi facilité. S'il n'y a pas de CEB, comment les instituteurs vont évaluer les enfants. Il y a l'un ou l'autre enfant au Colombier qui avait besoin de remédiation et d'entraînement avant de le passer. Nous allons essayer tout particulièrement de bien suivre ces derniers. Avec de l'aide, ils ont leur chance. Tout va dépendre des critères d'évaluation dans les conditions actuelles. » De l’aide… à ce moment toutes et tous étiez encore occupé-e-s à vous adapter à cette situation imprévue et tellement inconnue.
Lorsque nous avons lu le message de Margaux de La Porte Verte, nous avons été rassurés. Certes, il y avait des travaux scolaires renvoyés aux conditions inégales des enfants mais il y avait aussi un confinement qui renvoyait aux inégalités des ménages et des quartiers. Comment garder contact avec les enfants, proposer des activités, des échanges pour les accompagner dans ce moment de vie ? Nous étions le 20 mars, en pleine période d’adaptation. « Suite à votre mail concernant la chronique des écoles de devoirs, voici ce que la porte verte essaye de mettre en place. Nous avons créé une liste de liens internet que nous avons mis sur notre site (https://porteverte-snijboontje.be/ressources/) et notre page Facebook. Ce sont des liens pour des exercices scolaires pour ceux dont les écoles n'ont pas donné de travail à domicile. Mais nous avons également mis des liens d'activités comme des bricolages, des jeux, des visites de musée virtuelles, des histoires à écouter, ... Nous avons distribué dans les boites aux lettres des papiers pour les informer. Nous faisons également des dossiers en fonction des demandes pour les enfants qui n'auraient pas internet et nous les déposons dans les boites aux lettres. Les dossiers comprennent des exercices scolaires mais également des jeux, des idées de bricolages et d'activités pour les occuper, nous réfléchissons maintenant à créer un groupe Facebook ou ils pourraient nous contacter pour tout type de demandes. (…) ».
C’est aussi par les réseaux sociaux et internet que deux associations vont élaborer des projets, le Groupe d’Entraide Scolaire de Laeken et La Scientothèque. Dans le premier cas, l’initiative vise le public des jeunes de l’association, dans le second, le public mais aussi les associations par une proposition de plate-forme et d’organisation d’un stage pour la deuxième semaine de Pâques. Vous retrouverez les liens pour ce projet dans l'article « Bonnes pratiques »*. Le GESC, dans son courrier adressé aux jeunes et aux parents les a informés de différentes propositions. « (…) Suite à cette période difficile et aux événements actuels, l’équipe du GESL a décidé de réagir. Effectivement, nous savons que certaines écoles donnent du travail par voie électronique et, certains parents se trouvent démunis ne sachant pas comment épauler leurs enfants. Par conséquent, nous avons ouvert un « GESL VIRTUEL » ! , cette plateforme s’appelle DISCORD. Celle-ci est accessible, du lundi au vendredi de 14h00 à18h00, et tous les jeunes qui souhaitent nous rejoindre sont les bienvenus. Nous tenterons de répondre au mieux à vos questions et problèmes scolaires par les nombreuses possibilités qu’offre cette plateforme : caméra vidéo, forme écrite, conférence audio,… (https://discord.gg/AWNsdqq). Sachez que toute l’équipe du GESL est à vos côtés, et que vos inquiétudes sont compréhensibles, nous allons tenter de répondre au mieux à toutes vos demandes. » Et de rappeler les jours et heures où joindre le coordinateur.
Puis, les courriers chargés de propositions et de liens ont commencé à nous parvenir. C’est par certains que nous avons eu des nouvelles de quelques-uns d’entre vous. Nous vous avons, dans la mesure de nos moyens, transmis ceux-ci par courriels.
Mais, la richesse de ces offres ne peut faire oublier que tous les enfants, jeunes et familles ne sont pas égaux face à internet et aux réseaux sociaux. Une situation à laquelle Ahmed du Centre de Jeunes d’Anderlecht a tenté de répondre en partie. Mais, au Centre de Jeunes, d’autres projets se sont mis en place progressivement pour répondre aux nouveaux besoins de la population. Après un appel à l’aide, il nous raconte quelques extraits des actions de sa maison de jeunes au cœur d’un quartier et de la ville. « On revient vers vous, tout d'abord, pour vous solliciter afin de récupérer des flacons vides de 50 ou 100ML pour y mettre du gel désinfectant afin de les distribuer aux personnes bénéficiaires de nos actions ainsi que 5 ordinateurs portables pour notre jeune public qui n'en possède pas (nous avons "prêté" ceux de notre Espace publique numérique).
Ensuite, pour échanger nos pratiques et les initiatives mises en place par nos jeunes et l'équipe d'animation. Depuis le début des mesures prises concernant le confinement, toute l'équipe et certains jeunes responsables sont aux services, aussi bien, de leur jeune public que des citoyens anderlechtois et bruxellois fragilisés par cette situation de crise sanitaire. (…) Nous avons gardé des liens avec notre public dans le cadre de notre projet d'accompagnement scolaire via les réseaux sociaux et le logiciel Discord. Chaque membre de l'équipe a pris en charge un groupe de 5 à 6 jeunes afin de les soutenir et de les aider dans ces pénibles moments. Plus que jamais les jeunes ont besoin de nous ! Après consultations téléphoniques individuelles, chaque groupe est occupé à mettre sous différents types de supports (textes, dessins, vidéos, slam...) et à décrire leur vécu, leur quotidien, leur ressenti, leurs espoirs durant ce confinement. (…) ces supports seront exploités à « la rentrée » afin de mettre en place des ateliers de discussions, des débats... Nous orientons également les familles qui font appel à nous pour des situations conflictuelles ou tensions familiales. Pour les cas extrêmes nous allons faire appel à l'association Esprit santé pour un suivi psychologique. Nous avons conclu des partenariats avec des commerçants anderlechtois afin de venir en aide aux personnes les plus vulnérables. Concrètement, nous offrons un bon d'achat de 30euros, un pack de viandes (haché, poulet, salami américain préparé et un poulet rôti avec pomme de terre), du produit de lessive, du savon pour les mains et un flacon de gel désinfectant aux familles, aux sans-abris, aux "sans papiers, sans droits"... Nous travaillons en étroite collaboration avec le Service de prévention de la commune et fournissons également ce service en kit hygiénique et autres produits pour les sans-abris, via nos partenaires Le CPAS d'Anderlecht oriente leurs usagers vers le Centre pour bénéficier de cette action. Des associations et des services d'autres communes (Les Marolles, Saint-Gilles, Schaerbeek, Molenbeek) orientent également les familles vers notre association. Quand il nous reste du temps, nous essayons de finaliser les lourds dossiers administratifs qui restent en suspens (Cohésion sociale, SICE, appel à projets jeunesse, Plan quadriennal...). Comme vous le remarquerez l'équipe est super motivée !!! Voilà pour le "topo". On positive et on garde le moral, le punch et surtout la santé. Prenez soin de vous et de ceux que vous aimez. Restons solidaires et unis ! »
Prendre soin de soi, de nous, des autres… rester solidaire c’est ce que fait Fabienne de la Rosée qui dans un entretien ce jeudi 9 avril nous raconte la vie de son association, de son équipe et comment ils et elles se sont organisées entre début de confinement et demain (Lire le témoignage*). Pour elle, les priorités sont au nombre de trois. En premier garder le lien avec les enfants, les parents. Un lien léger (sans attentes, sans pressions et surtout sans jugement !) pour les entendre sur comment ils vont, comment ils vivent. En second, préparer l’accueil de la manière la meilleure possible pour le retour. Comme on ne sait pas combien de temps va durer le confinement, on avance pièce après pièce. Nettoyer, ranger, peindre… on finalise au mieux le travail administratif pour être pleinement disponibles ce jour-là et les suivants. En troisième garder le lien avec les collègues. C’est important de les entendre et de les encourager !
A notre tour de vous encourager et encore vous remercier !
-- Véronique Marissal