@FeuilleT - Juin 2020
Sommaire
► Edito
► Le vécu des familles en situation de précarité à Bruxelles (rapport d'une étude du RIEPP)
► Crise sanitaire : comment ne pas perdre de vue les Droits des Enfants ?
► Les stages d’été
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EDITO
Depuis notre questionnaire fin avril, si ce n’est l’attention que nous avons continué de porter aux informations reçues et à vous transmettre tenant compte de leur intérêt (protocoles, offres d’animations par le secteur culturel pour l’été, productions d’edd, formations, …), nous avons été très silencieux ces dernières semaines sans pour autant lâcher le guidon de notre petit vélo.
Va et vient, questions & réponses autour des différents protocoles ; recrutement (lecture LM et CV, sélection, préparation épreuve écrite tenant compte tant des conditions - à distance - que du contexte de la rentrée de septembre, entretiens), préparation de l’AG de ce 24 juin via zoom (une nouvelle expérience pour nous), diverses réunions (Cohésion sociale, Commissions d’Avis, FFEDD, équipe), participation à l’axe lecture du jury « La Culture a de la Classe » (COCOF), rencontre d’écoles de devoirs à leur demande, programme des formations et matinées 2020-2021 à construire et finaliser mi-juillet, … nous ont occupées durant toutes ces semaines.
Un silence qui contraste avec la vie qui reprend tout doucement et différente (masques, distances sociales, …) d’avant avec ses mouvements, ses bruits que nous avions presque oubliés : voitures, quelques avions, enfants et parents devant les écoles, cris joyeux dans les cours de récréation, terrasses de café, transports en commun davantage remplis, contrôle des stationnements… et les informations sur le corona qui continuent d’arriver et qui nous disent qu’il pourrait revenir à l’automne après un passage de l’autre côté de la terre où commence l’hiver alors qu’a commencé notre été. Un retour à la vie qui ne peut faire disparaître de l’actualité ceux et celles qui ont été – et sont encore aujourd’hui - les plus affectés par la crise et ses répercussions.
Ainsi, de nombreuses questions et réflexions nées des conditions de cette période exceptionnelle nous sont parvenues qui nous interrogent sur l’avant et sur l’après COVID que nous souhaitons vous faire partager.
Une recherche du RIEPP « Sortir ou ne pas sortir durant le confinement ? Le vécu des familles en situation de précarité à Bruxelles ? » revient sur le vécu des familles durant le confinement. L’objectif était de savoir si les enfants sortaient durant le confinement ou pas, de comprendre les craintes des familles et d’identifier les obstacles aux sorties ainsi que les leviers. Il lui paraissait important de faire émerger la parole des parents peu ou pas représentés dans les médias et les enquêtes (notamment en ligne), c’est-à-dire essentiellement des familles ayant des conditions socio-économiques difficiles. Cette recherche complète les résultats de l'enquête qualitative qui avait été menée auprès de 15 parents, dans le cadre plus large d’une recherche commanditée par l'ONE 1. La présente recherche nous a été transmise par le RIEPP qui nous dit y avoir intégré quelques-uns de vos propos repris dans la synthèse réalisée par la coordination « 16 mars – 27 avril 2020. Entre confinement et annonce de déconfinement partie : Vécus d’écoles de devoirs ».
Dans les deux cas, nous prenons conscience de l’importance qu’ont pu avoir les mesures de confinement sur les enfants et le respect de leurs droits. Une question sur laquelle l’ONE revient dans le document « Comment ne pas perdre de vue les Droits des Enfants dans ce contexte de crise sanitaire, de confinement et de déconfinement ? ». « La préservation de la santé physique de tous engendre des mesures imposées à tous (le respect de la distanciation physique, de règles d’hygiène, du principe de silo puis du principe de bulle dans l’organisation des groupes, etc.). Cela induit un bouleversement des repères tant pour les adultes que les enfants, les relations « enfants-parents-professionnels » sont aussi directement concernées, chaque partie étant influencée par ce que vivent les autres. Inévitablement, cela se traduit au quotidien dans des comportements différents, de nouvelles attitudes nécessaires au bien-être de tous et à l’épanouissement des enfants. Car en effet, sans compter les difficultés préexistantes liées leur contexte familial, les enfants sont touchés au premier chef : accès restreint ou à distance à l’enseignement pour les enfants et les adolescents, pas de possibilité d’accès ou limites importantes dans l’accès aux loisirs, à la culture, séparation de leurs groupes de pairs ainsi qu’aux réseaux intra et extra familiaux qui composent le maillage sur lequel ils peuvent appuyer pour se développer et s’épanouir. Or, pour garantir le développement harmonieux des enfants et leur assurer une santé globale, une multitude de dimensions, toutes autant importantes, sont à prendre en considération : le lien de confiance avec des adultes, les possibilités d’exploration de son environnement, le lien avec les autres. Il apparait donc important de prendre en compte cet impact pour pouvoir maintenir au mieux la mise en œuvre de l’ensemble de ces droits de natures diverses, tendre à nouveau vers un équilibre aujourd’hui et jusqu’à la sortie de la crise. » 2
Des droits de l’enfant et un lien que vous avez continué de défendre pleinement au sein de vos quartiers. Aujourd’hui, de votre côté, beaucoup ont rouvert leurs portes aux publics, d’autres pas encore. Un retour qui arrive en fin d’année moment d’organisation des activités d’été dans un contexte toujours peu clair. Entre protocoles de l’ONE, demandes de la COCOF (Cohésion sociale), pouvoirs communaux, pouvoirs régionaux, compliqué de concilier les règles des uns et des autres et d’établir un programme d’été au bénéfice des enfants et des jeunes qui en ont tant besoin alors que nous ne savons pas encore les frontières qui seront ouvertes et qui, parmi eux et elles, pourront rejoindre le pays d’origine de leur famille. Une situation hautement complexe qui s’est exprimée par l’inquiétude des uns, l’énervement ou encore l’humour des autres. Et les projets ont commencé de nous arriver pour nous dire encore une fois toute la créativité et les capacités d’adaptation de la plupart d’entre vous. (N’hésitez pas à nous faire parvenir vos projets d’été notamment pour ceux et celles parmi les jeunes qui auront des examens de passage ou des travaux de vacances que nous puissions au mieux orienter les familles qui en feraient la demande).
Alors que vous étiez en train de finaliser cela, les pouvoirs publics s’inquiétaient de ces enfants et jeunes aujourd’hui tellement éloignés de l’Ecole et vous poussaient déjà à réfléchir à la rentrée de septembre et aux actions à entreprendre pour reprendre contact non pas seulement avec eux mais aussi avec tous ces autres invisibles que la crise sanitaire a mené devant les aides alimentaires, par exemple. Non pas de nouveaux publics comme certain-e-s l’analysent mais des hommes, des femmes, des familles qui déjà étaient dans une précarité extrême avant la crise et que le confinement a éloigné de leurs ressources financières. En effet, cette crise n’est pas seulement sanitaire. Elle pose la question de toutes ces personnes précaires qui dans une invisibilité totale ont vu leurs conditions se détériorer et des rôles du secteur social, médical et socioculturel.
Le Comité de Vigilance en Travail Social nous propose dans sa carte blanche du 4 juin de revenir sur le travail social dans le contexte de la crise. « (…) si certains travailleurs et services ont tout donné pour répondre aux besoins des plus impactés, on ne peut faire l’impasse sur les manquements et les incapacités d’autres acteurs du social à répondre à la crise. » et, de préciser la nécessité pour le travail social, de se réinventer selon deux axes de travail. L’alliance avec les forces associatives qui soutiennent les populations avec lesquelles les travailleurs sociaux interagissent : la société nouvelle que d’aucuns appellent de leurs vœux ne pourra se faire sur le dos des précaires, sur le dos des marginalisés, sur le dos des sans-droits. La réaffirmation forte de ce que sont les raisons de vivre du CVTS, et qui se retrouvent dans le Manifeste du Travail Social : priorité à l’humanité et caractère fondamental du lien social.
Mais dans ce contexte, nous savons aussi les équipes fatiguées de ces mois particuliers qui ont demandé une adaptation de tous les instants et bousculé organisation professionnelle, familiale et privée. Le temps des vacances sera aussi le vôtre !
Bulle de 10, bulle de 20, bulle de 50, … place aux bulles de BD, bulles de savon, bulles d’air…
Très bons congés reposants et ressourçant à vous tous !
-- Véronique Marissal
1. Dusart AF., Mottint J. in Jidovtseff B., Pirard F. (2020)
2. ONE, « Comment ne pas perdre de vue les Droits des Enfants dans ce contexte de crise sanitaire, de confinement et de déconfinement ? » - p3