@FeuilleT - Nov/Déc 2020

D’une vague à l’autre, surfer sans couler

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EDITO

Voilà le mois de décembre qui démarre sans que nous ayons trouvé le temps de nous poser pour rédiger les nouvelles mensuelles de la coordination.  Nous avons depuis des semaines surfé sur cette nouvelle vague_! Alors que nous finalisions l’édito du mois d’octobre – nous avions déjà à ce moment-là pris un certain retard – nous nous rappelions que nous avions beaucoup croisé nos doigts pour, après avoir retrouvé notre public et fait de nouvelles rencontres, avancer dans une reprise où le temps nous serait précieux pour nous réorganiser, réapprendre à faire groupe, reprendre confiance,… Très vite cependant, la hausse de la courbe nous le disait, la deuxième vague annoncée se précisait. Et les écoles de devoirs de retrouver à nouveau face aux incertitudes du lendemain. Qui de l’équipe serait-là le lendemain ? Qui du public ? Qui devrait-on écarter ou pas ? Comment dire les écartements aux parents sans augmenter leur inquiétude au risque de ne pas voir les enfants, les jeunes revenir et retourner vers une situation d’isolement ? Maladie des uns et des autres, tests positifs, mise en quarantaine de familles, de classes, fermeture administrative d’école, que faire ? Bien avant que les nouvelles mesures ne soient prises des appels nous parvenaient disant la fatigue des mois passés et l’inquiétude de ne plus pouvoir tenir encore longtemps conscient que les enfants, les jeunes et les familles avaient tellement besoin de ces lieux ouverts, accessibles et là pour eux.
Inès de la « Cité des Jeunes » témoigne de cela dans le courrier qu’elle nous a transmis. Faisant le pari d’une amélioration de la situation sanitaire, des formations informatiques ont été mises en place pour les jeunes (l’équipement n’étant pas suffisant à régler la question de la fracture numérique) puis, tout a dû être annulé. Annulé au moment où les jeunes sont de retour et présents plus que d’habitude (un constat partagé par de nombreuses associations) témoignant de l’importance de notre présence et de leurs besoins. Pour les enfants, l’inquiétude est aussi palpable alors que beaucoup sont surchargés de travail dont une partie parfois considérable renvoyée vers la maison pour rattraper le temps perdu. Les animateurs comme ceux de « Le Blé en Herbe » réunis autour de Sébastien, directeur, constatent les effets des mois passés sur certains et s’interrogent sur comment continuer de les accompagner en douceur et  « récupérer_le retard » dans un tel contexte sans perdre le sens même de nos missions et projets.
Puis, les nouvelles mesures sont arrivées. Les congés allaient être prolongés, les programmes d’activités modifiés (plus de musées, plus de piscine, plus de parc animalier,…) et les adolescents écartés. Malgré toute les réorganisations successives pour prévenir toute propagation, malgré la créativité, toutes les associations n’étaient pas préparées de la même manière pour revivre une telle situation.  
Le 26 octobre dernier Marion participait au séminaire organisé par le DGDE, l’OEJAJ, en présence de Marius Gilbert et Andréa Réa (ULB) autour de la thématique « En temps de crise_: la communication spécifique, en particulier, à destination des enfants et des jeunes ». L’objectif de cette matinée était d’entendre les acteurs de terrain des secteurs de la petites enfance, de l’enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse mais aussi de se questionner collectivement sur la place de la parole accordée aux jeunes en temps de crise. Leurs constats de la situation a permis de faire émerger un certain nombre de recommandations que nous vous partageons en proposant la lecture de la synthèse sur notre site. Une question essentielle au moment où nous-mêmes nous interrogeons sur les mesures d’écartement des adolescent-e-s de nos associations alors que toutes et tous mettons une priorité à ce que gestes barrière, lavage des mains, aération, désinfection,… soient respectées. Comment leur expliquer aujourd’hui que l’on puisse se déplacer en transport en commun, faire ses courses,  mais pas se rendre dans une association aux mesures d’accueil adaptées ?
Cette synthèse fait écho aux nombreux appels reçus par le secteur particulièrement concernant l’accueil des adolescent-e-s. Des témoignages d’incompréhension qui disent l’inquiétude croissante face à la situation de ces jeunes. Aujourd’hui, la situation des adolescent-e-s est devenue dramatique pour ceux et celles qui ne peuvent répondre aux exigences imposées par les pouvoirs publics car renvoyant aux inégalités de leur environnement. Comment faire comprendre aux pouvoir public fédéral qu’il est urgent de faire confiance tant aux jeunes (trop souvent stigmatisés) qu’aux associations présentes pour la plupart dans l’ombre (car secteur non essentiel) depuis le début de la crise pour que les jeunes de l’enseignement secondaire (tous et surtout ceux des 2ème et 3ème niveaux en mi-temps distanciel) puissent reprendre une vie davantage en lien avec les besoins de leur âge ?
Pour faire prendre conscience de cela à ceux et celles qui prennent des décisions, nous avons lancé en ce début de mois de décembre par mail un appel à la récolte de la parole des jeunes dans l’ensemble du réseau bruxellois des écoles de devoirs accueillant ce public. Un appel que nous relançons ici en espérant que la parole des jeunes puisse être davantage entendue que la nôtre. Nous avons par cet appel décidé de mettre l’énergie qui nous reste pour poursuivre encore et encore, avec vous ! (vous êtes un chaînon indispensable pour relayer leurs paroles) notre travail de représentation pour que la vision de de ce qui est « essentiel » par certain-e-s puissent au plus vite intégrer la question des adolescent-e-s au risque de voir nombre d’entre eux emportés par la vague et s’échouer sur la plage.
Que ce soit les parents ou les associations, pas facile vu les conditions imposées, de vivre sereinement et positivement cette période tant les constats apportent leur ombre sur ce que sera demain. Depuis le début de la crise, le site yapaka a continué de nous informer, de nous faire réfléchir et de nous soutenir par la proposition de ses outils. Deux de ceux-ci vous sont présentés qui pourraient venir en soutien des familles que nous accompagnons d’une part et des adolescents d’autre part.
Nous vous faisons part enfin, parce que la vie continue en cette période qui perdure, où les nuits sont prolongées et nos mouvements limités, d’une invitation à découvrir la ville et ses quartiers autrement par l’offre faite par le CVB et les Ateliers Urbains de découvrir une réalisation par semaine. Une manière de se promener et d’aller à la rencontre de l’autre sans bouger_! Ensuite, pour mettre de la lumière dans tout ça, nous vous proposons de découvrir le projet « Lumières à Molenbeek ».
Sans certitude aucune de pouvoir encore partager un numéro avec vous avant le début de l’année prochaine, nous vous souhaitons le meilleur pour cette fin d’année et, comme en septembre, croisons nos doigts pour que 2021 puisse enfin voir la mer houleuse devenir telle un lac apaisé.
A toutes et tous, le meilleur !

-- Véronique Marissal


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