Une année de transition pour le Pacte d’Excellence, avant de nouveaux défis
Le Pacte pour un enseignement d’Excellence poursuit sa route, malgré la résistance du monde de l’enseignement. De nombreuses voix s’élèvent pour mettre en garde : le système doit rester humain, l’école n’est pas une entreprise. Le rythme des réformes est infernal à suivre et la diminution des charges administratives pour laisser du temps au pédagogique n’est actuellement qu’une illusion. L’idéal se retrouve aujourd’hui confronté à la réalité, restons vigilants pour que les enfants d’aujourd’hui ne soient pas les victimes d’un système qui peine à trouver sa place. Une réforme de notre système scolaire encore trop inégalitaire est indispensable. Mais méfions-nous des effets pervers de certaines mesures.
| Marie-Hélène ANDRE, formatrice à la FFEDD.
Nouvelles mesures en 2023-2024, morceaux choisis.
Cette année, ce seront les élèves de 3ème et 4ème primaire qui entreront dans le nouveau Tronc commun. Il est donc d’application de la 1ère maternelle à la 4ème primaire. On ajoutera une année à chaque rentrée jusqu’en 2028 : les 5ème primaire en 2024-2025, les 6ème primaire en 2025-2026 et ainsi de suite jusqu’en 3ème secondaire. Parmi les nouveautés, l’apprentissage d’une deuxième langue dès la 3ème primaire. Dans le cadre du tronc commun, rappelons que le redoublement n’est pas interdit mais règlementé. Tous les accompagnements doivent être mis en place durant la scolarité. Ceux-ci doivent être motivés et les traces de ces actions se retrouveront dans le DAccE, dossier d’accompagnement de l’élève, qui suivra son parcours durant toute sa scolarité. L’objectif est de diminuer de 50% le redoublement d’ici 2030. Reste que les moyens manquent pour mettre en place des accompagnements de qualité pour les élèves en difficulté. Et cela d’autant plus vu la pénurie des enseignants.
L’enseignement sera gratuit jusqu’en 2ème primaire. Et pour cela , les écoles recevront un supplément de subvention de 75 euros par enfants et par an. Même si la mesure est justifiée pour plus d’égalités, des voix s’élèvent contre les effets pervers de cette mesure. Les écoles ne bénéficient pas des mêmes facilités pour organiser des activités : en zone rurale par exemple, aller à la piscine, au théâtre, au musée ou même au cinéma impliquent des frais de déplacements importants. Et finalement, ces activités risquent d’être annulées pour tous, y compris les enfants des familles plus défavorisées qui auraient eu l’occasion de participer auparavant, parfois avec des aménagements tarifaires.
L’EVRAS, éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle fait beaucoup de bruits en ce moment car de fausses informations circulent, notamment sur le contenu des programmes dès la maternelle. Or, en réalité, il ne sera question que de deux animations obligatoires sur toute la scolarité des enfants, en 6ème primaire et en 4ème secondaire. Celles-ci seront assurées par des professionnels de ces questions, comme les plannings familiaux par exemple, et non par les enseignants. Le but est d’apprendre aux enfants et aux jeunes à se respecter, à respecter les autres et de répondre à leurs questions. C’est aussi une manière de les protéger : on le sait, ils sont confrontés très jeunes, surtout via les réseaux sociaux, à des contenus ou des comportements inappropriés. Ces animations seront un moyen de désamorcer cela et surtout de les informer. Rappelons que c’est une mission obligatoire de l’école depuis 2012, cela n’a donc rien de nouveau ! La prochaine Filoche sera consacrée à ce thème (sortie prévue en décembre 2023).
De grands défis pour le futur
Personne ne l’ignore, les finances de la Fédération Wallonie Bruxelles sont au plus bas. Comment dès lors relever correctement tous les nouveaux challenges ?
La pénurie des enseignants est un écueil de taille. Comment assurer un accompagnement personnalisé des élèves alors qu’il est parfois difficile pour les pouvoirs organisateurs d’assurer les cours de base au plus grand nombre. Comment enseigner le néerlandais en 3ème primaire alors qu’il manque déjà énormément d’enseignants dans les années qui suivent ?
De nombreuses études ont confirmé que la diminution de la taille des classes, surtout en début de primaire, permettrait de lutter efficacement et durablement contre l’échec scolaire (voir l’enquête STAR sur le site de l’Aped, Les petites classes sont les STAR de la réussite scolaire | Ecole démocratique - Democratische school (skolo.org)) C’est une revendication importante des syndicats qui peine de nouveau à se mettre en place faute de moyens.
Ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres du fossé qui se creuse entre l’idéal à atteindre et les réalités de terrain.
Dès cette rentrée 2023-2024, certains syndicats ont déposé des préavis de grève. En cette année pré-électorale, le climat social risque d’être mouvementé. Le bien-être et l’épanouissement des enfants seront-ils vraiment au centre des débats ? A suivre !